[En chemin] : "Cessons de vivre dans la précipitation"
“Cessons de vivre dans la précipitation, comme si nous étions perpétuellement en retard, et prenons le temps de bien faire ce que nous voulons vraiment faire”. -Pensée Zen
Que voulons nous vraiment faire ?
En marge des pédagogies qui ont émergé à partir des années 70, il subsiste quelques modèles de transmissions plus traditionnelles, avec pour exemples les arts martiaux en Asie, et dans d'autres domaines, le compagnonnage en France.
C'est intéressant de noter que l'Education Nationale produit des diplômes (CAP, BEP ...) de menuisier, charpentier; cuisinier ... quand le modèle des Compagnons du Devoir cherche quant à lui à former des "Maîtres Artisans", au sens où il ont démontré leur Maîtrise d'une Discipline. . ("Devoir" et "discipline" étant des concepts en voie d'obsolescence dans nos systèmes éducatifs).
Même constat pour tous les arts traditionnels, martiaux et autres (cérémonie du thé, calligraphie, chant, danse ...).
Derrière cette distinction, des "approches pédagogiques" très différentes, comme le décrit Yves Ustariz :
“La grande différence réside dans la capacité à travailler sans explications. Au Japon, un professeur montre une technique, et tu l'exécutes. Si tu demandes des précisions, il se peut qu'il ne réponde pas. Tu dois pratiquer, et lorsqu'il te verra progresser, alors il sera prêt à en discuter.En France si tu fais cela, tu risques de te retrouver seul. C'est très différent culturellement. C'est l'une des raisons pour lesquelles les pratiquants japonais sont si impressionnants en kata. Ils répètent encore et encore, jusqu'à ce que cela fonctionne. Ce n'est pas parce qu'ils sont surhumains, mais parce que c'est ainsi qu'ils apprennent.À force de répétition, on finit par réaliser que ce que l'on croyait être un blocage n'en est pas un. Cette méthode d'apprentissage par la pratique est au cœur du travail de kata. En répétant, on atteint une compréhension qui devient naturelle. Autrefois, des méthodes similaires existaient dans notre culture avec les métiers d'artisanat, où l'apprentissage se faisait de manière progressive. Mais aujourd'hui nous avons tendance à vouloir comprendre avant d'agir. Ils adoptent une approche inverse: c'est en pratiquant qu'ils acquièrent la compréhension.”
Si l'apprentissage d'un sport de combat peut éventuellement se faire au travers d'une progression par essais / erreurs sans grande répétition de techniques de bases, compensée par un jeune âge et sa vigueur physique (= "je me suis pris une grosse dérouillée sur le ring et la prochaine fois je tiendrai compte de mes erreurs"), cette approche est un peu plus délicate pour les arts martiaux (= "je me suis fait transpercer par le sabre katana de mon adversaire, la prochaine fois, je serai ... mort !")
Dans notre école, tout "mon" défi est de mettre une touche occidentale "ludique" et "participative" dans un enseignement que je conserve par conviction très traditionnel, ou - à minima - le plus traditionnel possible. (Dit autrement : quand vous répétez vos pivots et que mois après mois on vous les corrige, on ne fait pas vraiment dans les "pédagogies alternatives".)
Dans les arts martiaux traditionnels, pour conclure, l'exigence de précision, le travail et l'investissement ressemblent énormément à ce qu'on exige quand on forme des maîtres pâtissiers : une quête de perfection ou en tous cas, une quête répétée d'aller vers le "mieux".
La gâteau peut avoir le goût d'une pâtisserie industrielle de Super U, ou la saveur d'une pâtisserie préparée par Tony, notre camarade artisan à la Gâche : c'est à chacun de nous de choisir ce qu'il recherche.
🔺"En chemin ... " C'est une rubrique où je partage des réflexions sur mon parcours de passionné d'arts martiaux traditionnels. Elève d'abord, enseignant ensuite... Merci aux "Zorro prépubères pourfendeur du Bullshido" et autres "inquisiteurs de l'église des cages MMA UFC" d'aller pourrir la vie de personnes plus compétentes que moi avec leurs avis qui n'intéressent qu'eux-mêmes : je dois déjà tenir compte de l'avis des grandes personnes qui m'enseignent leurs arts.
