[En chemin] : "L’apprentissage intellectuel est superficiel"

“L’apprentissage intellectuel est superficiel et on peut penser avoir compris sans que le corps soit capable de mettre les théories en action” Akira HINO


Il est courant en occident de parler beaucoup pendant les cours, c'est-à-dire de passer beaucoup de temps à commenter, verbaliser, ce qu'on est en train de faire avec son partenaire : "Fais comme ci, fais comme ça, et moi je pense que" etc... 
Ce n'est pas interdit bien sûr, et encore moins en France où "commenter" est un talent national qui enrichirait le pays si on parvenait à l'exporter, Mais il faut réaliser que cela mène principalement à une compréhension "intellectuelle" de ce qui est pratiqué. 



Ce qu'un de mes anciens professeurs, David Phan Nhuan, appelait : "pratiquer le Kung-Fu de la langue" tout en ponctuant son affirmation par "bla bla bla bla bla bla bla" ...  Mais malgré toute la créativité chinoise ("Style de l'homme ivre" ...), le Kung-Fu de la langue n'a pas encore été inventé en Asie.

>> Verbaliser, "mentaliser" entrouvre une porte pour "jeter un oeil", mais ne permet pas au corps de passer le seuil. 

C'est ce que Akira Hino résume par le titre d'un de ses livres : "ne réfléchit pas : écoute ton corps". 
C'est aussi pour cela que Liu Deming (le Sifu de l'école du Qi Gong dans laquelle je pratique) interpelle régulièrement ses élèves par un tonitruant: "You're thinking ! No no no no no ... don't think !!! Just feel ". Il lit dans leurs yeux s'ils sont dans le ressenti de l'instant ou dans la construction mentale.

Cette semaine, un court texte de R.J. Maroteaux, au sujet du travail des formes (katas) et plus largement de l'enseignement traditionnel :

Dans les années 80, lorsqu'on remit forcément en cause la pratique des katas (car la France adore ouvrir des débats stériles sur des sujets délicats) le rédacteur-en chef d'un magazine d'arts martiaux André Louka (1946-2004) me posa cette question à brûle-pourpoint: 
“Vous qui êtes un féru d'arts martiaux traditionnels, êtes-vous pour ou contre les katas?”. 
Ma réponse fut catégorique : “Je suis contre !”. 
Stupéfait, ne comprenant pas, je fus contraint de le rassurer en ces termes : “Pourquoi voudriez-vous imposer des katas inutiles à des compétiteurs, des sportifs? 
Laissez-les nous les katas...car nous savons à quoi ils servent.” - R.J. Maroteaux

Et en écho, ce texte de Yves Ustariz :

 “Un élément commun fondamental est que dans les arts il existe une base technique fondamentale. 
Que ce soit en musique, en peinture ou dans les arts martiaux, cette base est académique et parfois rébarbative. 
Par exemple, pour un musicien jouer des gammes n'est pas le plus amusant. 
De même pour un karatéka, le kihon (= travail des "basiques") peut sembler monotone. 
Cependant ces exercices sont essentiels. Ils permettent de développer des compétences et de construire des fondations solides.” 


🔺"En chemin ... " C'est une rubrique où je partage des réflexions sur mon parcours de passionné d'arts martiaux traditionnels. Elève d'abord, enseignant ensuite... Merci aux "Zorro prépubères pourfendeur du Bullshido" et autres "inquisiteurs de l'église des cages MMA UFC" d'aller pourrir la vie de personnes plus compétentes que moi avec leurs avis qui n'intéressent qu'eux-mêmes : je dois déjà tenir compte de l'avis des grandes personnes qui m'enseignent leurs arts. 

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