Le vrai sens du mot "Kung-Fu"

A une époque un peu étrange où il faut tout tout de suite ... Il est bon de s'interroger sur le sens de l'expression "Kung-Fu", en total décalage avec les tendances actuelles.
 
Ainsi, année après année, chaque "rentrée" voit son lot de nouveaux consommateurs inscrits passer comme des étoiles filantes, et c'est pareil pour tous les arts martiaux. Exemples :

Si on comparait ceci avec l'école, la ceinture noire étant l'équivalent de l'entrée dans les études supérieures, cela ferait peu de monde dans les Universités. 

Dans notre école, nous sommes environ 25 (et nous ne souhaitons pas grandir au delà), 6 sont de niveau ceinture noire, et sur 5 nouveaux qui arrivent chaque année en septembre, 4 en moyenne sont des étoiles filantes qui auront quittées la galaxie à la rentrée suivante. 

Pourquoi ? Parce que la pratique d'un art martial demande un réel engagement. Comme toute discipline, la maîtrise exige un travail certain.

 Année après année, chaque millimètre, chaque angle, chaque fraction de seconde compte.

Savoir ce qu'on veut et être au bon endroit

(Pratiquer une discipline pas vraiment compatible avec une société de consommation de loisirs)

La pratique des arts martiaux était voici encore quelques décennies partagée par des personnes manifestant la volonté de s'investir dans la durée dans une discipline exigeante. Aujourd'hui, elle n'échappe pas à la société de consommation et de loisirs. Même chose pour le yoga par exemple qui était à l'origine une véritable démarche personnelle et spirituelle : aujourd'hui les pratiquants vont "s'acheter" une année de yoga, puis l'année suivante vont zapper "pour changer" et "faire" des cours de Zumba, puis quelques mois de cours de chant, etc ...  

Alors bien sûr, chacun a le droit de faire tout ça comme bon lui semble : on informe juste que notre école n'est pas le bon endroit.

Autant ne pas se mentir : pour les arts martiaux, le zapping version "tourisme", ça ne marche pas. La maîtrise technique ne s'achète pas, elle ne se consomme pas : elle n'est que le fruit de votre investissement personnel. Et pour cause :

Les 3 premières années de Wing Chun sont difficiles 

(Et ensuite ? Ben ... pareil mais on est habitué !)

Il est intéressant de noter que kung-fu ne désigne pas du tout un art martial. Le kung-fu est traduit par « compétence acquise ». Kung-Fu se traduit aussi  par  « temps (fu) et travail (gong). »Bref, c'est une histoire de temps et de travail consacré à accomplir quelque chose de difficile.

Le sens réel du kung-fu fait référence à la réussite par l'effort. La maîtrise de soi à travers les arts martiaux chinois n'est pas différente de l'éducation d'un médecin, d'un avocat ou d'un grand architecte. Le kung-fu englobe également l'entraînement, la discipline et l'engagement comme pour un danseur professionnel, un athlète olympique ... C'est le principe de « ce que vous mettez, c'est ce que vous obtenez » et ce principe s'applique à toute sa vie.
 
    "Vivre en pleine conscience, ralentir son pas et goûter chaque seconde et chaque respiration cela suffit". Thich Nhat Hanh

Kung-Fu = du temps et du travail

(Çà fait vieux jeu, mais on assume et on aime ça) 

La traduction littérale du caractère "Fu", prend également le sens de maturité. Il n'y a pas de solution miracle pour devenir adulte : il faut du temps. Aucun arbre ne peut pousser de semis à plus haut qu'une maison pendant la nuit, tout comme personne ne peut acquérir de vraies compétences en si peu de temps.

Soyons sincères dans nos efforts et le temps prendra soin du reste. Mais n'oublions pas que le temps n'attend personne. Les années passeront, peu importe ce que vous décidez d'en faire. Cela n'a-t-il pas de sens alors de tirer le meilleur parti de chaque jour ?

Le changement est un principe naturel qui ne se soucie tout simplement pas de ce que vous en pensez. Nous pouvons choisir de changer pour le mieux et d'œuvrer à une culture tout au long de notre vie. Faites juste un pas à la fois.

« Ne tirez pas les plantes pour qu'elles poussent plus vite.
Il faut dix ans à un arbre pour pousser
Il faut cent ans à un homme pour se former.
Même la plus haute tour a commencé par le sol.
Un oiseau ne peut pas voler tant que ses ailes ne sont pas formées. »

 
Quand vous mettez les pieds sur un tatami, quand vous entrez dans un Kwon (Dojo en chinois), quand vous saluez au début de chaque cours, cela un sens : c'est une marque de respect car vous entrez dans une école qui est celle de votre professeur ou instructeur, laquelle s'inscrit dans une lignée et une tradition et c'est autant son propre travail que cette tradition qu'il partage avec vous.
 
Et si vous êtes ici, ce n'est pas par hasard : car vous n'êtes pas une étoile filante.

"Quand l'élève est prêt l'enseignant apparaît et lorsque l'élève est vraiment prêt l'enseignant disparaît" Lao Tseu

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